L’état de l’occupation du sol est désormais une donnée indispensable à la connaissance du territoire et à la prospective territoriale. Le Parc a réalisé en 2011 la cinquième cartographie de l’occupation du sol sur son territoire après celles de 1991, 1996, 2001 et 2006.
Si la cartographie du territoire permet de rendre compte de son état à un moment donné, une couverture régulière permet de suivre, voire d’anticiper, les évolutions et les mutations susceptibles d’intervenir sur des milieux sensibles accueillant une grande diversité de pratiques et d’adapter les actions à mettre en oeuvre sur le territoire.
L’analyse produite en 2013 porte sur l’évolution du territoire camarguais depuis 20 ans.
NB: l'état de l'occupation du sol 2011 a été étudié sur le périmètre classé en Parc en février 2011 alors que les études diachroniques l'ont été uniquement sur l'île de Camargue.
Des données aériennes verticales collectées au printemps 2011 ont été utilisées, rendant la base de données plus précise que lors des campagnes précédentes (exploitables au 1/5000 contre 1/50 000 pour l’état 1991).

Conclusion de l’étude diachronique 1991-2011
L’évolution à long terme sur l'île de Camargue (1991-2011) montre une stabilité de la proportion des milieux naturels, agricoles et salicoles. Si les surfaces évoluent peu globalement, des remaniements sont observés dans l’espace.
Depuis 1991, l’analyse spatiale montre une progression de 3 500 ha de friches anciennes (classées en 2011 dans les milieux naturels) localisées principalement autour des grands ensembles de milieux naturels déjà identifiés en 1991, contribuant ainsi à les rendre plus vastes et moins morcelés en 2011. 1 900 ha de ces friches anciennes tendent vers des milieux humides et plus de 1 600 ha vers des prairies naturelles.
L’évolution de ces 20 dernières années contraste ainsi avec les profondes mutations qui se sont opérées dans le delta du Rhône au cours des décennies précédentes, à la suite de l’expansion rizicole et de l’industrialisation dans les années 1960, puis de l’urbanisation touristique dans les années 1970.
Ce renversement de tendance reste toutefois fragile car ces friches anciennes pourraient être, selon la conjoncture, remises en culture. Au-delà de cette tendance quantitative, l’évolution qualitative mériterait d’être approfondie. La qualité des milieux « naturels » issus de ces friches agricoles anciennes dépend en effet de leur usage et de l’intensité ou du degré d’artificialisation de cet usage. Des prairies naturelles sur-pâturées ou des marais fortement artificialisés gérés dans un but exclusivement cynégétique (endiguement, gestion cloisonnée de l’eau) sont des milieux classés "naturels" mais qui ne permettent pas pour autant le développement d'une flore et d'une faune diversifiées.